Renaissance 1 er Janvier 2020, une nouvelle année qui commence. Une de plus ! je ne le sais pas encore mais, cette année ne sera pas comme les autres. Tout va très bien ! Je pèse un bon quintal, même si je refuse de l’admettre, et j’ai toujours une bonne excuse pour faire bombance. Mon travail me passionne et j’ai la chance d’avoir une vie familiale épanouie. Stéphane Lavallée, notre CEO, et moi mettons au point une stratégie commerciale et marketing ultra agressive pour continuer notre progression impressionnante dans un marché de niche et de technologie d’avant-garde. La stratégie de l’entreprise repose en grande partie sur mes épaules et c’est avec une farouche détermination que j’entame cette année 2020. www.surgivisio.com Mon ami Jean-Marc Glaude me relance avec insistance pour que je rechausse les skis de courses le temps d’un weekend ; il organise la première édition d’un championnat du monde de ski augmenté et en tant qu’ex coureur je l’honorerais de ma présence. Première alerte, que j’ignore, je trouve une excuse lamentable pour ne pas y participer. Ski Augmenté : Première édition des Championnats du Monde OPEN I Love Ski ® En fait, je n’étais tout simplement pas prêt physiquement, techniquement et avant tout mentalement. Emmitouflé dans un plaid, au fond du canapé, je dégustais des chocolats !! Le mois de février arrive enfin avec en perspective, une semaine de vacances que j’attends impatiemment. Entre temps, j’ai mollement accepté le fait que je n’étais qu’un lamentin ambulant et j’ai perdu 3Kg. Je suis fatigué, un peu irritable, mes genoux me font souffrir sans que l’on puisse en expliquer la raison. Eric Lasseur me demande de venir le voir à la fin du mois pour passer une IRM. Une semaine de vacances pleine de signaux d’alertes en tout genre. Mais la fierté peut être très mauvaise conseillère et faite de phrases telles que : « Ce n’est rien, ça va passer ! Tu ne vas pas laisser ce petit bout de saucisson ! Les bons produits ne font jamais mal !».
Et moi dans tout cela ? Le chômage partiel ouvre la porte à la réflexion, la vérité, la peur, le doute, la maladie ! Oui mais quoi exactement ? C’est tout le problème. Nous sommes au début du mois d’avril, je suis très fatigué, des maux de tête, des douleurs thoraciques, douleurs musculaires et articulaires et j’en passe. Visite médicale, on me suspecte d’être touché par la COVID19. Comme je n’ai pas de fièvre, je suis renvoyé chez moi avec du doliprane en guise de traitement. 48H00 plus tard ça ne va pas du tout. Je prends conseil auprès d’amis chirurgiens qui me disent tous de passer un scan thoracique et d’appeler le 15. Le 15 me dirige vers les urgences du CH d’Annecy. J’y vais en confiance car l’une de mes connaissances se trouve être le chef de service de neurochirurgie. Liese à la gentillesse de m’y conduire ; nous y arrivons à 17H30. Elle me dépose et repars aussitôt car impossible, pour elle, de rester avec moi. C’est la règle. Une préposée à l’accueil des patients, susceptibles d’être infectés par ce virus, me dirige très gentiment vers les urgences. Et ! Je suis projeté dans une scène que je n’oublierai jamais. Un infirmier m’interpelle en aboyant « BONJOUR ! C’EST POURQUOI ? », « pour une suspicion de COVID lui répondis-je ! » « LES ADMITIONS COVID C’EST LE MATIN !!! » Moi, je reste interloqué par cette réponse aussi ubuesque ! Je me demande je suis tombé ? Au dessus de la porte des urgences, une banderole syndicaliste trône fièrement et sur laquelle on peut lire en lettres capitales : « ICI ON EST PAS ASSEZ PAYE POUR SAUVER VOS VIES ». Je suis abattu ! Tel un mouton que l’on mène à l’abattoir, je suis cet infirmier dans l’antre du monstre. Un cerbère, l’infirmière de garde, me demande ce que je viens « foutre là, à cette heure !! ». Je lui explique que c’est à la demande du 15 que je suis ici. Selon elle, le 15 n’a pas à décider qui vient ou ne vient pas aux urgences Elle veut me renvoyer chez moi, j’objecte que je n’ai personne pour me ramener, elle s’en fout littéralement, je lui dis que je viens aussi sur les recommandations du chef de service de neurochirurgie. Elle change enfin de ton ! L’infirmier prend ma tension. Il la reprend car pense que son tensiomètre ne fonctionne pas. Et pourtant 24/14 …
Du coup, les deux excités de services descendent de leurs chevaux et prennent soin de moi avec un semblant d’humanité presque rassurant. Je passe sur les engueulades que je me suis prises par les médecins urgentistes qui refusaient obstinément de me faire passer un scanner thoracique à la demande de leurs confrères. Ils avaient d’autres choses à faire Qu’ils suivaient les recommandations du conseils scientifiques. Après un grand nombre de prises de sang, ils m’ont expliqué que je ne mourrais pas du COVID mais qu’ils n’avaient aucune certitude sur mon pronostic vital pour la semaine à venir !!! Oui, vous avez bien lu ! Tout pour vous rassurer ! 23H45 je suis libéré avec des résultats sanguins bien pourris. Adrien a la gentillesse de venir me chercher. Son regard et la douceur de sa voix me rassurèrent. Sa bienveillance me toucha profondément. Sur ce, je prends rendez vous avec mon médecin de famille et j’appelle Pierre Vallèse pour lui expliquer la situation. Il me rappelle 15 minutes plus tard pour me demander : « Tu peux conduire ou on peut te conduire vendredi ? ». Je réponds par l’affirmative. « Parfait ! Alors tu es attendu vendredi matin pour passer un scanner thoracique. On en profitera pour te faire une batterie d’examens sanguin. Le cardiologue sera de la partie ». Dans la même semaine je voyais mon médecin de famille ainsi qu’une partie de l’équipe médicale de la clinique Convert. Mon médecin de famille, une jeune femme très prudente et inquiète par mes résultats sanguins catastrophiques, m’a prescrite une nouvelle série d’examens très poussés. Nous sommes le 22 avril, j’en ai marre de toute cette situation que je ne maitrise pas. Des interdictions de, ceci ou cela, prescrites par mon médecin de famille. Peur de crever comme un chien sans me battre. Je prends alors une décision ferme et définitive et j’en fait part à mon médecin. « Je pèse 97Kg et suis dans un état lamentable. Je ferai vos examens quand j’aurais perdu 25Kg. » Elle a eu la très mauvaise idée de se moquer de moi. « A votre âge c’est impossible !! Je vous interdis de faire du sport sans voir le cardiologue. » Pour ceux qui me connaissent bien, Je n’ai ni Dieu, ni Maitre !! Personne, non personne ne m’interdit quoique ce soit quand j’ai décidé de faire quelque chose. Je le fais en conscience et en assume les conséquences.
Le 25 avril. Je suis prêt pour la guerre. Une guerre contre moi-même, mon entourage, mes amis et les médecins. Quand vous annoncez, aussi brutalement, que vous voulez perdre plus 25Kg ; tout le monde vous explique que c’est impossible à mon âge. Ce n’est pas par méchanceté, mais par une pseudo bienveillance qui rassure celui-celle qui vous prodigue les meilleurs conseils du monde. Il faut faire ceci, attention il faut manger cela, il ne faut pas trop forcer, etc… C’est super sympa ! mais non merci ! Laissez-moi vous dire pourquoi ! Parce que quand il s’agit d’une guerre que l’on veut mener contre soi même on a besoin d’encouragements tant que ça fonctionne. En prodiguant vos bons conseils, quand on n’en demande pas, vous favorisez le relâchement. C’est contre productif et cela freine voire stoppe les efforts énormes qui doivent être fournis. En revanche, il arrive que l’on se trompe de route et que l’on ait besoin d’aide. La seule aide que l’on puisse donner dans ces cas ; c’est de l’écoute et être force de proposition. Evitez les « Tu vois, je te l’avais bien dit ou je le savais … ou encore, moi, j’ai des amis qui… » Cette journée, j’ai chaussé mes chaussures de trail, pris mon sac à dos, mes bâtons de marche et j’ai entamé une longue reconquête de mon corps usé de 25 années de bombance. Confinement, autorisation ou pas, je suis sorti tous les jours. Les premières randonnées furent très dures moralement. Je souffrais mais ne lâchais rien. La distance et la performance d’une fois à l’autre devait être au rendez vous. Je sais que cela peut choquer, mais sans objectif il n’y pas de résultat attendu et par conséquence on ouvre la porte à médiocrité et le renoncement face à la difficulté. Et puis, un matin, sans que l’on sache vraiment pourquoi, au delà des efforts journaliers fournis, on passe un cap ! Un cap physique et psychique ! On se sent super bien dans l’effort, on arrive à se surpasser sans souffrir ! C’est une jouissance extrême que de ressentir l’effet des endorphines. L’euphorie vous gagne, vous êtes bien, vous vous sentez pleinement vivant et vous rentrez chez vous avec ce sentiment de fierté, de force et, paradoxalement, d’humilité par rapport à tout ce qui vous reste à accomplir
Mai, Juin, Juillet. Trois mois et j’ai déjà perdu 17kg. Le régime alimentaire est draconien. Je suis à moins de 2000Kcal/jour et j’en consomme autant voire 1,5 fois plus sur certaines sorties. J’ai la rage de vivre ! Je me sens mieux au prix d’un engagement sans faille. J’alterne les sorties de randonnées sportives avec le vélo. Ce sport est très ingrat ! Parfois, on a l’impression de rester collé au bitume. On n’avance pas. C’est l’enfer, surtout dans les montées. La fatigue aidant, on fait le mauvais choix de braquet et là, vous vous entendez vous insulter, rager, mais hors de question de lâcher, de poser le pied à terre ! On serre les dents, on a soif, les poumons vous brûlent et votre cœur veut faire un tour dehors Enfin, la fin de cette montée. Le soulagement, relâchement et la fierté d’avoir tenu jusqu’au bout vous donnent la force de continuer. Le trail ! Ça y est ! A l’exception des montées, je cours le parcours prévu. Des sorties d’une vingtaines de km en moyenne avec 1000D+ (mètres positifs). Je profite de la nature qui est magnifique autour de chez nous. Il est fréquent que je croise un ou plusieurs chamois, chevreuils, biches, cerfs etc… C’est à chaque fois un grand moment d’émotion. Je m’enivre des odeurs, la lumière et les couleurs sont un ravissement dont je ne me lasse pas.
Août, le mois des vacances. Vacances que nous devions passer avec Liese et Adrien au Canada. Cependant, la crise sanitaire a bouleversé nos plans. Du coup, Mylène et Bruno ont eu la gentillesse de nous accueillir à Sao Martinho do Porto. Difficile de tenir un régime avec mon frère et d’autres âmes « bienveillantes » pleines de bons conseils voire de reproches sur mes choix. Ce fut une véritable torture car je suis un incorrigible gourmand et il m’a fallu, de temps en temps, hausser le ton pour éviter de céder aux propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres. Entraiment tous les jours ou presque afin d’atteindre les objectifs fixés.
Fin août. J’ai perdu 23Kg. Nous sommes de retour à la maison et je cours encore plus. J’y prends vraiment du plaisir. J’entre dans une nouvelle dimension. Septembre, octobre. Les mois sont magnifiques. Le travail va bon train. Je vis différemment et j’ai la certitude que je ne reviendrai pas en arrière. Mon alimentation reste exactement la même et à une exception près, pour notre anniversaire de mariage, je ne ressens pas le besoin de retomber dans les excès du passé.
15 septembre. Nous célébrons, Liese et moi, notre anniversaire de Mariage. Pour l’occasion, nous avons choisi de vivre notre anniversaire à Gstaad en Suisse. Nous vous recommandons le Huus Hotel à Saanen. C’est simplement magique. Si le cœur vous en dit, nous serons heureux de partager les adresses secrètes pour passer un séjour inoubliable. Imaginez un hôtel les services sont en général gracieux. Nous souhaitions faire une randonnée à VTT. Qu’à cela ne tienne, « voici deux vélos et des casques pour votre sécurité. Nous vous souhaitons une excellente journée…»
Octobre. Nous avons eu la chance d’avoir Adrien et Pierre à la maison et de faire un peu de sport ensemble pour mon plus grand bonheur.
Novembre. – 25Kg. Le confinement nous frappe à nouveau. Super opportunité pour aménager mes journées de travail avec mon entraiment. Décembre. Le poids reste inchangé. Les entrainements sont perturbés par une météo compliquée. Olivier a fait l’acquisition, depuis quelques semaines, d’un VTT à assistance électrique. A lire les premiers messages qu’il m’a envoyé ; ce vélo est extraordinaire. Il permet d’aller partout tout le temps et on consomme presque autant de calories qu’avec un vélo standard. Plus loin, plus, vite, plus tout tout simplement ! Seulement voilà, il m’a fait part d’un sérieux problème de douleur au dos. Nous en avons beaucoup parlé et, est arrivé le point ou mon héros de cousin ultra sportif ne pouvait plus marcher correctement tellement il souffrait. Après plusieurs consultations à droite et à gauche nous avons convenu qu’il était temps que je fasse jouer mes relations pour qu’on le prenne en charge en urgence. Devinez qui est ce ? Eh oui Pierre Vallèse qui a fait ouvrir le bloc opératoire de la clinique Convert un weekend ; juste pour Olivier ! Du coup, en attendant qu’il se remette sur pied, Olivier a eu la très grande gentillesse de me prêter son VTT électrique. L’essayer c’est l’adopter ; mais son propriétaire m’a gentiment rappelé à la réalité. 1 8 décembre. Je change de vélo Le 19 décembre. Première sortie vélo pour Olivier. Je crois que sa convalescence est en excellente voie. Et quand le temps est vraiment trop mauvais ? J’ai toujours de saines occupations. Poser du parquet dans les chambres des garçons, dessiner etc… ! Tiens ? Un côté artistique ? Je dois tenir cela de ma chère Maman. Voilà ! Il n’y a pas de conclusion à cette chronique. Je vous souhaite à toutes et tous, de très joyeuses fêtes de Noël et de fin d’année. Puisse 2021 être plus calme que celle passée.
Profitez de chaque jour comme une opportunité pour vivre intensément en tenant fièrement sur vos pieds, l’œil rivé sur l’horizon pour scruter les promesses d’un lendemain que vous ferez encore meilleur.
Cette semaine fut un mélange de moments merveilleux et de questions insidieuses que me renvoyait mon for intérieur sur mon état physique et psychique. Le début d’une terrible guerre s’installait irrémédiablement et je n’étais pas du tout prêt à affronter cette réalité. Heureusement, Liese, Pierre, Bruno, Olivier, Laurence et la famille Bernard contribuèrent à chasser temporairement la violence des tourments qui me frapperaient plus tard avec une rare violence. Mars. La première quinzaine passe en un rien de temps, mon travail et la bonne humeur de Liese me tiennent debout. Le 16 mars, c’est le coup de massue ! Emmanuel Macron annonce le confinement national. Les ARS (agences régionales de santé) déclenchent le plan blanc pour les établissements de santé. Nous décidons de mettre une grande partie de l’entreprise en chômage partiel et nous décidons d’assurer, avec les aides d’état, le plein salaire de tous les employés. Toutefois, nous continuons d’embaucher massivement pour les postes clés en R&D notamment. Finalement, nous aurons embauché une petite cinquantaine de personnes cette année. Tenir coûte que coûte, préparer l’avenir, c’est l’assurance de survivre à cette crise. Mon métier prend alors une nouvelle orientation. J’écoute les craintes des chirurgiens et des dirigeants d’établissements de santé. Une peur viscérale s’installe dans toute la profession. Les ARS bloquent tous les programmes opératoires à l’exception des urgences. Je prépare des hypothèses de sortie de crise à leur intention afin de les aider à planifier leur retour à l’activité. Hypothèses très optimistes qui ne trouvaient pas toujours crédit. Rien de plus normal quand on est dans le ring à prendre une volée de coups. Pour autant, à la sortie du premier confinement, je fus appelé par certains chirurgiens dont Pierre Vallèse, qui me dirent « Régis, je te dois des excuses ! Tu avais raison, nous sommes submergés de travail !! ». Ainsi va la vie ; on ne la maitrise pas. Soyons capable d’analyse froide pour prendre les décisions et directions les plus profitables dans l’intérêt collectif. A bon entendeur …
Régis
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Babeth
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