C’est
bien
connu,
les
voyages
forment
la
jeunesse.
Je
l’ai
toujours
cru,
et
je
crois
d’ailleurs
qu’ils
forment
n’importe
qui,
puisque
vous
le
savez,
“la
jeunesse,
c’est
dans
la
tête
!”.
Cette
année
a
été
bénéfique
pour
moi,
en
effet
vous
ne
vous
apprêtez
pas
à
lire
un
texte
morbide
sur
l’ennui
qui
constituait
mes
journées
l’année
passée,
mais
sur
mon
aventure
Suédoise.
J’ai
en
effet
passé
les
six
premiers
mois
de
l’année
à
Stockholm
en
tant
que
jeune
fille
au
pair,
et
si
je
me
doutais
bien
que
cette
expérience
allait
m’apporter
beaucoup
avant
de
l’entamer,
je
n’imaginais
pas
apprendre
autant
et
surtout
être
si
chanceuse.
En
effet,
j’ai
pu
apprendre
plusieurs
leçons,
parfois
à
mes
dépens,
souvent à mon avantage.
Voyager
seul
vous
ouvrira
plus
de
portes
et
vous
rendra
plus
fort.
Pour
certains,
cela
paraît
impensable
et
pourtant,
c’est
là
la
clef
d’un
voyage
réussi.
L’homme
étant
un
animal
par
nature
sociable
(c’est
même
un
besoin
quasiment
vital,
tant
sa
santé
mentale
en
dépend),
en
se
retrouvant
seul
dans
un
environnement
inconnu
et
sans
repères,
la
seule
option
restante
est
d’aller
à
l’encontre
de
tous
ces
visages
et
ces
endroits
inconnus.
C’est
donc
ce
que
j’ai
entrepris
de
faire,
car
les
Suédois
sont
particulièrement
timides
quand
il
s’agit
de
rentrer
en
contact
avec
des
personnes
étrangères
à
leur
petit,
mais
confortable,
cercle
de
fréquentations,
puis
un
peu
plus
chaleureux
une
fois
la
glace
brisée,
mais
très
faciles
à
embarrasser.
Mon
activité
préférée
?
Les
“violer”
d’un
câlin
lorsque
des
nouveaux
visages
me
présentaient
leur
main
pour
la
serrer
(à
trois
mètres
de
distance,
bien
évidemment)
en
prenant
pour
excuse
que
je
suis
Française
:
“Sorry,
I’m
french,
I
do
la
bise”.
Entre
rire
francs
et
sourires
gênés,
j’annonçais
la
couleur
sans
vraiment
me
soucier
de
ceux
qui
voyaient
cela
d’un
mauvais
œil,
puisque
si
ça
je
ne
leur
plait
pas,
il
y
a
peu de chances qu’eux me plaisent à leur tour.
En
allant
seule
d’un
endroit
à
l’autre,
j’ai
eu
la
chance
de
rencontrer
plein
des
gens
de
tous
horizons,
âges,
et
pratiquant
toutes
sortes
d’activités.
Un
professeur
de
Français
breton
vivant
sur
un
bateau
dont
la
seule
règle
pour
monter
à
bord
était
de
raconter
une
nouvelle
blague
chaque
fois
;
un
turc
“artiste
concepteur”
pour
un
très
célèbre
créateur
de
jeux
vidéo
qui
a
un
talent
inouï
et
une
culture
impressionnante,
avec
qui
j’adorais
tout
faire
et
qui
est
devenu
un
de
mes
plus
chers
amis
;
des
Dj
et
producteurs
de
musique
dont
je
ne
ratais
jamais
aucune
de
leurs
représentations
;
des
organisateurs
de
soirées
un
peu
secrètes
dans
des
sous-sols
ou
des
forêts,
ce
qui
m’a
permis
de
rencontrer
une
toute
autre
fraction
de
Suédois
que
ceux
qui
sont
“propres
sur
eux”
et
qui
aiment
pavaner
leur
blonde
chevelure
sur
les
boulevards
;
une
réfugiée
syrienne,
qui
vivait
dans
la
famille
pour
laquelle
je
travaillais
et
avec
qui
je
partageais
tout,
pleine
de
vie,
de
sagesse
et
avec
une
voix
à
tirer
des
larmes
même
aux
plus
durs
d’entre
vous.
Sans
oublier
mon
“amoureux”
qui
est
tout
à
fait
mon
opposé,
lui
aussi
plein
de
sagesse,
calme,
organisé
travailleur,
enfin
oui,
mon
opposé
quoi
;
avec
qui
j’ai
passé
les
meilleurs
moments
de
mon
voyage
et
qui
m’a
très
vite
introduite
et
intégrée
dans
son
groupe
d’amis
que
j’aime
autant
que
les
miens.
Et
bien
évidement,
les
deux
familles
pour lesquelles j’ai travaillé durant ces six mois.
D’où
je
tire
ma
deuxième
leçon
;
l’éducation
est
une
valeur
très
subjective,
et
celle
des
autres
peut
devenir
très
irritante,
très
vite.
Pour
poser
le
contexte
de
manière
assez
brève,
je
me
trouvais
entre
deux
familles,
originellement
amies,
qui
vivaient
dans
le
même
immeuble
et
dont
les
enfants
allaient
dans
la
même
école.
Ils
ont
choisi
de
se
partager
une
jeune
fille
au
pair
(donc
moi,
du
coup).
Je
vivais
et
mangeais
dans
l’appartement
du
bas
où
il
n’y
avait
qu’un
enfant,
et
je
passais
mes
journées
dans
celui
du
haut
(avec
trois
enfants
dont
un
bébé),
j’étais
chargée
de
leur
faire
à
manger,
de
les
emmener
et
de
les
chercher
à
l’école.
Cette
famille-ci
me
versait
mon
salaire
(comprenez
argent
de
poche).
Très
vite,
des
différents
les
ont
séparés,
notamment
sur
la
manière
dont
la
“famille
du
haut”
me
faisait
travailler.
Ce
qui
a
mené
à
une
crise
existentielle
où
j’étais
l’élément
principal
de
la
discorde,
ce
qui,
vous
vous
doutez, m’a mise dans une position plus qu’inconfortable.
J’ai
assez
vite
compris
que
les
deux
familles
avaient
deux
manières
bien
différentes
de
fonctionner,
je
me
retrouvais
plus
dans
l’éducation
et
l’état
d’esprit
de
Clara,
celle
chez
qui
je
vivais
(dieu
merci
!)
et
voyais
petit
à
petit
le
vrai
visage
de
mes
“patrons”.
Bien
qu’ils
soient
sympathiques,
que
je
riais
beaucoup
avec
eux,
pas
mal
de
détails
ont
commencé
à
m’irriter.
Ce
côté
“enfant
roi”,
malpoli,
qui
ne
dit
même
pas
bonjour,
ou
ne
regarde
même
pas
les
personnes
présentes
chez
lui
(sans
que
les
parents
ne
fassent
aucune
remarque),
égoïste,
qui
se
sert
dans
les
verres
et
les
assiettes
des
autres,
sans
demander,
sans
pression
aucune,
qui
ne
dit
pas
merci,
de
rien,
qui
ne
sait
même
pas
s’essuyer
les
fesses
à
7
ans
m’a
assez
vite
agacée
comme
vous
pouvez
l’imaginer.
Mais
toute
réflexion
que
j’aurais
pu
faire
aurait
été
vue
comme
une
injure
directe
à
l’éducation
parentale
qui
tend
à
laisser
une
liberté
totale
aux
enfants,
ne
pas
projeter
ses
propres
peurs
sur
eux,
et
leur
faire
confiance
(cette
partie
est
pour
le
coup
assez
bénéfique).
Je
me
contentais
donc
de
faire
les
réflexions
directement
aux
enfants
plutôt
qu’aux
parents
pour
qu’ils
comprennent
le
malaise.
Reprenant
les
objets
donnés,
ou
en
les
inondant
de
“De
rien
!”
(merci
Liese
pour
la
technique
!)
lorsqu’ils
ne
me
disaient
pas
merci.
Ne
cédant
jamais
aux
caprices,
quitte
à
me
faire
détester
et
à
les
voir
se
jeter
par
terre.
Je
pense
que
les
parents
me
trouvaient
peut-être
même
trop
dure
à
leurs
yeux,
mais
qu’importe,
s’ils
se
fichent
de
se
faire
respecter
par
leurs
enfants,
c’est
pour
moi
une
valeur
primordiale,
et
que
ce
soit
un
enfant
ou
un
adulte,
ce
n’est
pas
le
genre
de
choses
que
nous
avons
l’habitude
de
laisser
passer
dans
la
famille, alors Suédois ou pas, en pleurs ou pas, tu vas le dire ce merci !
Il
me
fallait
donc
jongler
entre
faire
quelques
leçons
de
morale
et
serrer
les
dents
pour
ne
pas
me
faire
détester
ou
me
mettre
dans
une
situation
complexe
vis-à-vis
des
parents.
Et
je
vous
épargne
notre
voyage
au
Portugal
qui
était
un combat constant et dont certains d’entre vous ont dû endurer le long récit.
Mais
de
manière
globale,
cette
aventure
était
la
meilleure
expérience
que
j’ai
pu
faire,
surtout
sur
le
plan
humain.
J’ai
vu
un
pays
magnifique
où
nature
et
ville
se
mélangent
simplement,
je
n’ai
rencontré
que
des
gens
incroyables
qui
m’ont
eux-mêmes
fait
rencontrer
d’autres
gens
incroyables.
D’où
je
tire
ma
dernière
leçon,
si
vous
êtes
“cool”
vous
n’attirerez
que
des
gens
cools.
Pas
une
seule
fois
je
n’ai
rencontré
de
personne
peu
aimable
ou
agressive,
tous
avaient
un
grand
cœur
et
une
vie
passionnante
dont
ils
m’ont
ouvert
la
porte
;
j’ai
reçu
et
donné
beaucoup
d’amour.
Et
plus
je
grandis,
plus
la
notion
de
karma
me
semble
évidente,
on
reçoit
ce
que
l’on
donne.
Et
même
si,
selon
ma
théorie,
je
ne
dois
tout
ça
qu’à
moi-même,
je
ne
peux
m’empêcher
de
me
sentir
chanceuse
de
tout
ce
que
j’ai
vécu.
Et je ne peux que vous pousser à sauter le pas et avoir votre propre aventure humaine !
Alicia a eu un besoin impérieux de faire une coupure dans ses études de
graphisme.
Elle est donc partie en Suède comme jeune fille au pair.
Aujourd’hui elle a repris ses études, ravie de son séjour qui l’a beaucoup
fait murir.
Accompagnons la.