Romain
Romain travaille maintenant dans une entrepris d’informatique jeune et flexible qui développe des applications spécifiques à la demande des clients. Gagner, tel est son but, et pour cela il s’inspire de la volonté farouche de ses idoles, les champions de tennis. Laissons lui la parole !
La culture de la gagne
Pour accéder aux diverses rubriques, cliquez sur votre choix dans la partie gauche de votre écran La page des petits enfants
Nous sommes le dimanche 19 Janvier 2017 à Melbourne. La Rod Laver Arena - du nom du seul homme de l’histoire du tennis à avoir réalisé deux fois le grand chelem dans sa carrière, dont une fois en 1962 il a aussi gagné la coupe Davis, s’il vous plaît est pleine à craquer. 15 000 personnes en physique, et le reste des fans de tennis derrière leur télévision, applaudissent et s’époumonent pour soutenir les deux géants du tennis qui s’apprêtent à s’affronter. D’un côté, Rafael Nadal, 14 fois gagnant d’un tournoi du grand chelem l’époque). El Toro, de son surnom à son style de jeu tout en puissance, a alors 30 ans. Il a gagné son premier tournoi du grand chelem à tout juste 18 ans, à Roland-Garros, son terrain de prédilection. Autant dire que la compétition, il connaît. De l’autre côté, Roger Federer, dit El Maestro, avec 17 titres majeurs à l’époque (le record en date en Janvier 2017). Roger vient d’une autre école de tennis, celle de la classe et de l’élégance. Les déplacements sont fluides, tous les gestes semblent simples et naturels. Tout est « facile » avec lui, mais terriblement efficace. Roger Federer et Rafael Nadal ont l’habitude de se croiser sur les courts de tennis, et très souvent en finale (38 rencontres en simple jusqu’à présent pour être précis). Mais en ce 19 Janvier 2017, la finale de l’Open d’Australie a une saveur particulière. C’est un mélange de mélancolie avec le grand retour de deux immenses stars de ce sport, mais aussi et surtout d’admiration. Après toutes les épreuves physiques et donc morales qu’ils ont subies, revoir les meilleurs rivaux se retrouver à ce niveau de jeu avait quelque chose de magique et de très palpitant. Digne d’un scénario de film hollywoodien certains diront. Nadal revenait de 4 mois de convalescence et Federer 6 mois, autant dire une éternité dans le sport à haut niveau. Nadal a soigner ses genoux et son poignet, très abîmés par son style de jeu assez brutal parfois. Federer a lui soigné ses problèmes de dos qui devenaient trop récurrents. A 35 ans, et avec la longue carrière qu’il avait derrière lui, on peut comprendre qu’il devienne difficile d’assumer de jouer à ce niveau-là. D’ailleurs, la plupart des fans de tennis les avaient un peu enterrés ces deux-là. Durant leur absence des courts, de jeunes talents avaient émergés aux yeux des spectateurs. On sentait la relève arriver. Mais les papis ont fait de la résistance et ont montré à tous ces garnements qui étaient les vrais patrons. Cette finale de l’Open d’Australie était superbe à regarder, que l’on s’y connaisse en tennis ou non. Un match en 5 sets les deux combattants se sont rendus coup pour coup : Federer gagne le 1 er set, Nadal le 2 nd , Federer le 3 e Enfin, après une dernière manche pleine de rebondissements, la victoire de mon idole du tennis : Roger Federer (pardon Nadal). J’ai ressenti une grande émotion à voir cet homme gagner cette finale. Il venait de rappeler qu’avec beaucoup de travail et de persévérance, il pouvait encore gagner. Et il en va de même pour Nadal. Les deux tennismen ont prouvé leur valeur tout au long de l’année : ils ont gagné à eux deux les 4 tournois du grand chelem, 2 chacun (Nadal réalisant la prouesse de gagner 10 fois Roland-Garros). Nadal et Federer ont donné une leçon de sport et de vie cette année. Ils ont travaillé chacun de leurs matchs et sont rentrés dedans avec la conviction qu’ils pouvaient gagner et non pas avec des doutes. Leur classement mondial parle désormais pour eux : avec leurs absences pour blessure, Nadal était redescendu 9 e mondial et Federer 17 e fin 2016. Ils sont maintenant respectivement 1 er et 2 e . Pas mal pour des seniors (sportivement parlant. Je ne voudrais pas froisser mes éventuels lecteurs qui auraient plus de 40 ans, et ils sont potentiellement nombreux dans la famille). Le doute et la peur de perdre, parlons en justement. Car à l’inverse des prouesses que j’ai évoqué précédemment, il y a des sportifs dans le tennis ,et même malheureusement dans le sport en général, qui sont mondialement connus pour les contre-performances : les français. Dès qu’on les retrouve dans des rencontres avec enjeu, ils jouent souvent moins bien, et échouent au bord de la réussite. Les exemples sont malheureusement nombreux, au point que les adversaires des français ont souvent en tête cette capacité à échouer dans les grands moments, et ils en jouent. Attention, je ne crache pas sur tout le sport français. Nous avons eu et avons de grands champions. Mais nous avons traîné pendant de longues années cette culture de la lose. C’est devenu une expression commune en France. La culture de la lose c’est cette maladie d’avoir en tête tous les risques et d’oublier complètement les opportunités. Fin Novembre a eu lieu la finale de la coupe Davis qui opposait la France et le Belgique. Depuis notre dernière victoire en 2001 (16 ans en arrière tout de même), c’était la 4 e fois que nous allions en finale. Nous avions perdu les 3 précédentes. Pourtant tous les spécialistes étaient unanimes : la France avait sur le papier l’équipe idéale pour gagner. On parlait même de nos joueurs de l’époque comme de la génération dorée. Cette satanée culture de la lose avait pris le dessus, la pression devenait trop grande et ces joueurs réputés talentueux ont échoué à soulever le saladier d’argent par 3 reprises. On imagine donc très bien que pour cette finale de 2017, les joueurs ne sont pas arrivés sur le terrain avec la conviction forte de pouvoir gagner mais avec en tête le poids de toutes les défaites précédentes. Pour ceux qui ne connaissent pas le fonctionnement d’une rencontre de coupe Davis, un petit rappel : deux nations s’affrontent (en l’occurrence pour cette finale la France et la Belgique), et on joue au meilleur des 5 matchs. Chaque match remporté vaut un point pour l’équipe. Chaque pays aligne 4 joueurs pour les 3 jours de match. Il y a 2 simples le vendredi, 1 double le samedi, et 2 simple le dimanche. Les français sont passés par toutes les émotions en cette finale, et nous spectateurs aussi. Le dimanche, à 2 partout, la tension était à son maximum : le dernier match allait déterminer qui serait le grand gagnant. Les journalistes vous ressortent dans ces moments-là tout un tas de statistiques qui sont plus ou moins pertinentes mais qui ont toutes le même effet : elles font réfléchir, et même trop réfléchir. Le fameux « et si ? ». Pour ce match, les journalistes nous annonçaient que notre adversaire belge, Steve Darcis, avait dans toute sa carrière joué cinq 5 ème match de coupe Davis, et qu’il les avait tous gagnés. De l’autre côté, les français avaient perdu leurs 3 dernières finales. On n’y croyait plus à cette victoire 2017. Et finalement, Lucas Pouille notre plus jeune tennisman tricolore a triomphé. La délivrance. On a enfin prouvé au reste du monde que nous étions à craindre et que l’on peut encore gagner. Il faut remercier pour ce saladier d’argent (le nom de la coupe reçue par les vainqueurs de la coupe Davis) le capitaine Yannick Noah. Que l’on aime ou non son style, il est indéniable qu’il a toujours su insuffler à nos joueurs la rage de vaincre et la conviction qu’on pouvait gagner. Mais il faut peut-être aussi remercier le nouveau président de la fédération française de tennis, Bernard Giudicelli, qui dès son arrivée au poste a annoncé clairement que le tennis français ne se satisferait plus des défaites, qu’il était inconcevable de penser comme ça, et que sera dorénavant inculquée dans les écoles de tennis la culture de la gagne. J’ai hâte de voir le résultat en dehors de la coupe Davis. Si je parle de ce sujet sous l’angle du tennis c’est certes parce que je suis un grand fan de ce sport (je pense que ça n’aura pas échappé à grand monde) mais aussi parce que je le transpose au monde de l’entreprise en France qui souffre aussi de cette culture de la lose. Non pas que les entreprises françaises ne soient pas performantes, mais elles ont cette façon d’avancer chaque petit pas en avant est préalablement analysé sous toutes ses coutures pour être sûr qu’il n’y ait pas le moindre risque. Ce poids-là, c’est ce qui fait que les entreprises françaises ne sont pas les championnes de l’innovation et qu’elles n’évoluent pas toujours aussi vite qu’elles le devraient pour s’adapter aux attentes des clients (j’en sais quelque chose, je travaille depuis un an et demi pour la SNCF). Tout n’est pas noir pour autant. Poussées par le vent des start-up qui souffle de plus en plus fort en France, les grandes entreprises sont rentrées depuis peu en rupture avec leurs méthodes traditionnelles. Elles créent toutes des laboratoires d’innovation, rachètent des start-up, qui ont cette culture de la gagne. Et paradoxalement, cela passe par l’échec. Ils expérimentent, ratent des choses, mais au final ils innovent : le fameux apprentissage par l’erreur. Ce renouveau des mentalités, qui est comme toujours déjà la norme aux Etats-Unis depuis quelques années, s’est désormais installé en Europe. Et c’est très excitant. On sent que le champ des possibles s’est ouvert, il ne tient qu’à nous de nous lancer et d’innover.
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