an prochain à pareille époque (si les vers ne se nourissent pas de ma misérable carcasse) nous aurons fêté un autre cinquantenaire, celui de Régis. Déjà ! En attendant il est en pleine forme. Bruno et Jean aussi du reste, mais je vais y revenir. Ils viennent tous les trois de rentrer dans leurs pénates après des fêtes de Noël particulièrement agréables et chaleureuses. Régis s’est transformé en chef cuisinier avec beaucoup de talent. Il nous a non seulement soulagé du travail que représente une table de douze couverts, mais aussi régalé d’un repas sophistiqué et particulièrement léger. Bruno s’est chargé avec sa verve coutumière de dispenser sa bonne humeur habituelle tandis que Liese, Mylène et Isabelle ont assumé avec brio et efficacité les multiples tâches que génère une tablée aussi importante. Merci encore à tous, c’était parfait. Quant à Jean, il va beaucoup mieux qu’il y a quelques mois. On voit le résultat de la façon dont Isabelle s’occupe de lui. Du coup il se remet à la guitare et s’est chargé de l’animation musicale avec une joie que l’on ne lui avait pas connue depuis longtemps. Bref une fin d’année toute de plaisir et de bonheur qui augure bien de la nouvelle qui pointe le bout de son nez.
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Depuis cet automne, le Chalet of Society a ouvert a Paris le fabuleux “Museum of Everything”. C’est une exposition assez particulière, où, comme son nom l’indique, on trouve de tout. Toutes sortes d’artistes, et toutes sortes de matériaux insolites pour créer ce panel d’œuvres. Le lieu même est insolite, il suffit de suivre le parcours fléché pour se retrouver au cœur d’une ancienne école maternelle, et d’entrer dans cet univers étrange. Aux murs, la peinture pastelle s’écaille, au sol le plancher vieilli craque sous la semelle. Les œuvres exposées sont assez colorées, certaines s’approchant de l’art primitif, il y a des gravures, peintures, sculptures, collages, marionnettes… De quoi faire jaillir de chacun de nous l’enfant qui y sommeille. Mais sous ces aspects simplets, on découvre a la lecture des commentaires, ou en analysant de plus près les œuvres, que ces artistes sont tous dérangés, paranoïaques, schizophrènes ou traumatisés. Les premières gravures exposées sont de magnifiques frises sur lesquelles des enfants jouent. Mais en s’approchant, on découvre vite la triste réalité que ces frises expriment. Les jeunes filles en robes possèdent en réalité des pénis, et certaines scènes de jeu se montrent alors plus violentes. C’est à travers ces frises que l’artiste exprime son traumatisme vécu lors de ses années d’internat, quand il était jeune garçon. Il y a aussi ce paranoïaque fanatique de Jésus, ancien prêtre, qui ne cesse de peindre sur tout ce qu’il trouve l’apocalypse et le chaos, par-dessus lesquels il écrit des passages de la bible. Ou encore, celui qui, avec toutes sortes de matériaux, crée des sculptures représentant des bus. Sa description raconte qu’il portait toujours de longs manteaux de cuir afin de ne pas « transmettre ses ondes sexuelles ». On trouve aussi d’incroyables palais miniatures, qui pourraient correspondre à l’univers du Seigneur des Anneaux, entièrement faits de pièces de machines a écrire ou de radios. Des épouvantails extraordinaires, des toiles faites uniquement de suie, de salive et de fils, ou encore des océans de chiffres ; cette exposition fait le tour de tout ce qu’il y a de plus fou et de plus créatif et rend a l’art sa qualité première ; l’expression. Il se trouve que l’Art devient même un exutoire obligatoire à ces Hommes qui feraient des cas très intéressants aux yeux du Docteur Freud. Museum of Everything est donc l’idée de génie qui manquait aux fous pour qu’on les regarde et qu’on les écoute. Chaque œuvre est un régal pour les yeux, une énigme pour le cerveau, et une peine pour le cœur, mais c’est le parfait miroir de la vie, avec le bien comme le mal, avec toute l’humanité que nous avons. Et comme c’est la place de l’œuvre qui fait sa valeur, cette exposition redore le blason des marginaux.
Comme toujours, tous les quatre aiment à s’exprimer. J’aime cette parole libre qui reflète leurs attentes, leur ressenti voire leur trouble. Alors, commençons à laisser la parole à Alicia, honneur à la seule jeune fille de la famille.