Romain Romain Adrien Adrien Pierre Pierre
Serait-elle tentée par une vie de bohème ?
59 Rivoli. Paris est une ville pleine de surprises. On pense avoir vu toutes sortes de choses, les rues, les métros, les cafés, les monuments, les pigeons. Et pourtant, en décidant parfois de ne pas aller simplement d’un point A à un point B, mais de flâner le nez en l’air, on peut encore y trouver de bonnes surprises. C’est comme ça qu’en souhaitant nous rendre à une exposition sur Arthur Rimbaud un après-midi, nos yeux levés sont tombés sur de grands rubans de couleur, accrochés à la façade d’un immeuble, puis des peluches, des dauphins pneumatiques et autres objets curieux. Nous venions de trouver par hasard la “Galerie 59”; la grande porte de l’immeuble Haussmannien était repeinte et grande ouverte, l’entrée gratuite, ce qui poussa les curieux que nous sommes à entrer. Plus qu’une simple galerie, nous avons atterri dans un véritable concept; ici, des dizaines d’artistes, de tous âges et de toutes nationalités travaillent, dans les ateliers qu’ils ont installés, sous les yeux des visiteurs, et exposent leurs œuvres dans l’espace qui leur est réservé. La galerie occupe l’immeuble entier, et il ne me semble pas avoir vu un mur blanc; les escaliers sont ornées de fresques, quelques graffitis, de grandes toiles de couleur sont suspendues depuis le haut de l’escalier et tombent jusqu’en bas. A chaque pas que nous faisions, nos regard croisaient la marque d’un artiste qui passait par là, nous avions sans cesse quelque chose à observer, à apprécier. La galerie était à l’origine un squat, dans les années 90. Peu après que les SDF qui y séjournaient aient été expulsés, un collectif d’artistes y a pris place, après avoir netoyé l’espace autant que possible, ils ont commencé à y séjourner, y travailler et y exposer leur art, de manière illégale. Soutenus par Bertrand Delanoë, ils ont réussi a obtenir la légalisation de leur activité. Une fois élu le maire de Paris a racheté le bâtiment. Chaque artiste débourse 130 euros par mois pour obtenir son espace de travail et d’exposition, et certains visiteurs font des dons, ce qui leur permet de payer les charges et de continuer à utiliser l’espace. Ce concept a même voyagé, puisqu’aujourd’hui, d’autres galeries du même type ont vu le jour dans des villes telles que Tokyo ou Lisbonne. Nous avons pu rencontrer deux artistes, qui avaient maintenant pris leurs repères en ce lieu, où, nous ont-ils dit, il est bon de pratiquer un art libre, sans retenue, dans un endroit qui leur appartient et auquel ils appartiennent. Alicia n’ayant pas conclu je suis en droit de penser qu’elle se verrait bien dans un tel endroit une fois ses études terminées. Va y ma puce, vis tes rêves, mais sans oublier de toujours faire preuve de rectitude et d’écoute de l’autre.