ncore une année de passée et l’on l’impression que presque rien ne s’est passé !
Et pourtant !
Prenons les choses dans l’ordre.
Au début du printemps, comme presque toujours, nous ressentons une envie de décrassage, de donner un grand coup de balai pour chasser
les miasmes hivernaux.
Quoi de mieux qu’une thalassothérapie pour se remettre en forme ? Sans oublier bien sur une cure de fruits de mer dont chacun sait que nous
en sommes particulièrement friands (surtout moi vous dirait Babeth).
Après une bonne semaine de relaxation nous voici prêt pour attaquer le gros morceau de l’année : une croisière en mai au Spitzberg.
Quelle drôle d’idée me direz-vous !
Vous savez certainement que nous sommes amateurs de paysages nordiques, sobres, sauvages,souvent dénudés, éclairés par des lumières
très tranchées et baignés par des mers aux couleurs sombres et brutales.
En réalité nous avons réalisé un vieux rêve personnel vieux de 60 ans.
En 1959, à la sortie de mes études, j’avais trouvé la possibilité de partir en Antarctique avec une
expédition Paul-Emile Victor dans son équipe de transmission. Pour cela il me fallait obtenir encore une
année de sursis pour mon service militaire. Un an plus tôt cela eu été possible, mais cette fois-ci la mère
patrie m’a fait savoir que comme tous ses fils je devais rejoindre les rangs de l’armée. Désappointé, mais
fataliste. Faute de pouvoir arpenter les grands espaces blancs, j’ai été me promener (si l’on veut) dans de
grands espaces chauds et arides. Peut-être désappointé, mais j’y ai beaucoup appris !
Ceci dit, l’occasion d’aller en Antarctique ne s’est jamais présentée, et il faut bien avouer que je n’y
pensais plus.
Jusqu’à l’an dernier où cela m’a repris. L’Antarctique c’est loin, au moins deux jours d’avion avant de
rejoindre Ushuaia; alors orientons nous vers le grand nord beaucoup plus facile d’accès. Cinq heures
d’avion pour Tromso, base de départ, c’est dans nos cordes.
Je ne trouve pas de qualificatif capable de résumer toutes les émotions que nous avons ressenties. Si je
devais en utiliser un seul, bien que loin de tout pouvoir exprimer, je dirais «extraordinaire».
Entendez par là que les fabuleuses couleurs de l’eau de ces mers glacées varient du bleu profond au noir
ardoise en passant très vite par toutes les nuances de gris, d’argent, avec tous les reflets possibles et
imaginables, le tout sur un fond de ciel tantôt argenté, tantôt bleu vif, dans un air très pur qui rend les
couleurs très tranchées.
Entendez par là la majesté des glaciers s’étendant sur plusieurs
dizaines de kilomètres en s’effondrant à l’occasion dans une
immense gerbe d’eau, spectacle auquel nous avons eu la chance
d’assister depuis le balcon de notre cabine.
Entendez par là le spectacle impressionant des morses monstrueux,
et parfois agressifs, se livrant à une parade amoureuse, le plaisir de
voir le souffle impressionant des baleines bleues (interdiction de
s’approcher à moins d’un kilomètre), la joie de pouvoir apercevoir
des ours blancs en quête de nourriture.
Entendez par là les superbes balais des oiseaux marins, le plaisir de voir des phoques langoureusement
étendus sur de la glace dérivante, d’apercevoir des renards blancs en maraude.
Et que dire des couleurs de la glace, bleue clair pour celle issue de la fonte des glaciers, plus grise pour le
pack. Pour moi, européen habitué aux nuances de vert au printemps, je suis totalement dans
l’impossibilité de distinguer comme les Inuits jusqu’à 421 de nuances de glace !
Il est vrai qu’il peut en aller de leur capacité à vivre sous de telles
latitudes.
Toujours est-il que nous avons passé un grand nombre d’heures, bien emmitouflés dans nos vêtements
polaires, sur le balcon de notre cabine à se repaitre, de jour comme de nuit du spectacle offert à nos yeux
éblouis, si tant est qu’ici à cette époque le mot «nuit» ait encore un sens, ne servant qu’a définir une
tranche horaire où il est de bon ton de dormir. Nous avons navigué jusqu’au 80ème degré nord, ceci
explique cela !
Sous ces latitudes apparemment hostiles à l’homme, il est frappant de noter qu’au siècle dernier une carrière de marbre a été exploitée à Ny
London, qui devait à l’époque être la carrière la plus septentrionale au monde. Elle fut toutefois abandonnée à cause de la mauvaise qualité de
la pierre.
Par contre à Ny Alesund, juste en face dans le fjord, la «ville» d’ancien mineurs à lissé place au milieu
du siècle dernier à une équipe de scientifiques travaillant sur des programmes de radio-astronomie.
Particularités amusantes, vous y trouverez le bureau de poste le plus septentrional de la planète, une
boutique de souvenirs rarement ouverte, et éventuellement un ours baladeur ! Ce qui explique pourquoi
aucune porte extérieure ne ferme à clé pour pouvoir le cas échéant se mettre à l’abri ! A ce sujet vous
remarquerez sur la vidéo qu’il y a toujours un accompagnateur armé qui veille sur nos sorties à terre.
Donc en un mot comme en mille, nous avons été conquis !
Le tout avec une organisation absolument sans failles de la Compagnie du Ponant, qui avait embarqué
pour notre plus grande joie une équipe de scientifiques très pointus, spécialistes de l’arctique.
Etant donné le plaisir éprouvé, j’ai déjà organiser un beau voyage pour l’été prochain. Chut,
ne soyez pas impatients de savoir où nous dirigerons nos pas, mais je peux vous assurer que
nous serons de nouveau emballés.
Il faut toutefois noter que Babeth, dès notre retour, s’est emparée de ses pinceaux pour
transcrire sur la toile les émotions très fortes que lui a procuré notre voyage vers le nord de
la planète.
En attendant, vous pouvez voir la vidéo résumant ce voyage en cliquant sur le lien ci-
dessous.
Fin juillet une petite intervention chirurgicale au niveau de la prostate qui
m’a quand même bloquée deux mois, le chirurgien m’ayant demandé de ne
faire aucun effort pendant cette période, même pas de natation !
Franchement énervant ! Il parait que c’est la rançon à payer quand on a a
un certain âge et drogué aux anticoagulants. Je peux vous assurer que
Babeth a veillé au grain !
Début octobre grand défoulement et direction les Baux de Provence pour
comme chaque année aller voir le très beau spectacle des «Carrières de
Lumières». je ne peux pas résister au plaisir de vous proposer de visionner
la bande annonce (à ouvrir en grand !).
C’était tellement envoutant que nous sommes restés pendant trois séances
de suite en nous positionnant à chaque fois à des endroits différents pour
jouir du spectacle sous des angles différents.
La taille des silhouettes des personnes déambulant dans la carrière vous donnera une idée de l’immensité du lieu, 4000 m² de projection sur
les murs, sans compter le sol.
C’est tout pour nos principales activités de l’année, mais c’est beaucoup.
La fin de l’année est arrivée très vite et, comme d’habitude, nous avons eu la joie d’avoir toute la famille à la maison.